Pourquoi il ne faut pas injecter de l’argent public dans Brussels Airlines

COMMUNIQUE DE PRESSE 27 avril 2020

Pourquoi il ne faut pas injecter de l’argent public dans Brussels Airlines

En 2001, alors que L’État belge en était actionnaire, la SABENA fut contrainte de déposer son bilan.

Il lui manquait 80 millions pour continuer son activité après avoir été vidée de ses actifs par l’actionnaire suisse.

L’Etat a préféré provoquer un séisme social que d’injecter des fonds publics pour sauver une entreprise emblématique employant 7.000 salariés (13.000 pour l’ensemble du groupe) et générant 40.000 emplois indirects.

Près de 20 ans plus tard Brussels Airlines, la mini-filiale belge du géant international Lufthansa, réclame 290 millions au même Etat belge pour sauver moins de 3.000 emplois ; puisqu’elle a déjà décidé de se séparer de plus de 1.000 collaborateurs qui, chômeurs, seront à charge du même État.

Les banques, malgré la garantie de l’État, ont déjà décidé de ne plus prêter, l’entreprise n’étant pas viable.

Car Brussels Airlines est depuis longtemps un canard boiteux mal géré.

Alors que l’ensemble du secteur aérien mondial était florissant, la société a accumulé des pertes d’exploitation, en 2017 plus de 105 millions, en 2018 plus de 92 millions. Et lorsqu’il sera disponible à la BNB gageons que le bilan 2019 ne sera pas en reste.

Les pertes de la filiale belge coïncidaient avec les meilleurs résultats de la maison-mère allemande qui en 2019 affichait 1.2 milliards de bénéfices après les 2,16 milliards de 2018 et les 2,36 milliards de 2017. Des résultats sous-estimés, l’essentiel disparaissant dans les filiales des paradis fiscaux.

Sans la crise sanitaire la compagnie belge aurait dû de toute façon soit faire faillite soit faire appel à son actionnaire allemand pour se renflouer.

La crise sanitaire est un prétexte pour faire appel au contribuable belge.

L’histoire de Brussels Airlines est l’exemple-type de ce qu’il y a de plus détestable dans le néo-libéralisme : le capitalisme de connivence ; ce péché adultérin entre grands barons de la finance et obligés politiques. Une posture qui permet aux anti-libéraux de donner de mauvaises réponses aux bonnes questions.

Injecter 290 millions pour sauver 3.000 emplois (près de 100 milles euros l’emploi) n’a guère de sens économique ; alors que d’autres secteurs plus importants sont à l’agonie. Pensons au seul secteur Horeca, dont aucun ministre ne s’inquiète, qui représente plus de 2,5% du PIB, plus de 50.000 indépendants, 150.000 emplois salariés et 30.000 jobistes étudiants. Un secteur qui, lui, paye des impôts, collecte la tva et approvisionne largement les caisses des Accises et Douanes par sa consommation d’alcools et spiritueux.

Tandis que le secteur aérien est exempté de toute fiscalité.

Il faut laisser Brussels Airlines faire face à son destin.

L’économie a horreur du vide et, après une faillite, ses 3.000 salariés retrouveront très vite un travail : les slots de vol depuis Bruxelles, un hub très important, seront très vite rachetés par une nouvelle compagnie ou d’autres concurrents plus dynamiques. Car de nombreuses lignes sont très rentables, notamment celles reliant l’Afrique, malgré que Lufthansa ait déjà détourné le cargo à son exclusif profit.

Cette crise du transport aérien, dû au Covid19, doit être l’occasion de réformes profondes.

La DROITE POPULAIRE réclame un engagement fort du Gouvernement belge, au niveau européen, pour qu’enfin l’on proclame l’espace aérien de l’Union européenne comme étant un marché unique intérieur non soumis à la Convention internationale de Chicago, signée en 1944, et exonérant le trafic aérien international de toute taxation.

Il faut que le transport aérien participe au financement de nos États.

L’occasion de casser un des fléaux de la mondialisation qu’est le tourisme de masse.

Car il est nécessaire de rectifier la distorsion de concurrence entre les moyens de transport.

A l’opposé du ferroviaire et du routier, l’aérien, par l’absence de fiscalité, est indirectement subsidié par les pouvoirs publics.

Une aberration économique.

www.droitepopulaire.be

Pour le Bureau Politique

Vanessa CIBOUR, Co-Présidente

Aldo-Michel MUNGO, Co-Président